L'été marque le retour d'un grand migrateur mythique de notre région littoral. Haut dans le ciel un voilier noir plane en cherchant un courant d'air chaud favorable profitant des chaudes journées revenues. Aux jumelles ou à l 'œil nu nul doute que l'on a affaire à une cigogne. Toutes les ailes sont noires et seul le bas ventre est clair. En France on compte 50 à 70 couples nicheurs. Elle choisit de nicher en forêt avec des zones humides assez proche notamment des cours d'eau où elle trouve poissons et batraciens. 4 à 5 couples sont présents en Picardie dans les belles forêts de Thiérache proche des Ardennes et peut être aussi dans l'Oise. L'espèce malgré sa taille de grand échassier est connu pour sa grande discrétion et sa sensibilité aux dérangements intentionnels des adultes en début de nidification. Se sont surtout de jeunes oiseaux de l'année qui s'arrêtent en migration estivale dans notre région souvent attirés par la présence des Cigognes blanches. Curieusement la tolérance entre les deux espèces n'est pas de mise ! Les blanches ont tendance tout du moins lors de la première rencontre à pourchasser leurs cousines plus sombres.
Le passage d'une Cigogne noire à aussi tendance à faire décoller ou alarmer les autres oiseaux (limicoles, laridés...) réaction compréhensible face à un oiseau peu connu, sombre, à l'allure de grand rapace.
Les Cigognes noires adultes plus farouches ne se posent que rarement chez nous et leur migration de printemps est peu décelable sur le littoral du fait qu'elle traverse la France dans sa partie centrale. Mais d'où viennent ces oiseaux ? Grâce aux bagues on sait que certains oiseaux sont originaires des Ardennes belges notamment de la région de Bastogne. Elles vont gagner le Sud du Mali et le Nord du Burkina Faso où ces oiseaux sont des portes bonheur signes de retour de la saison des pluies.
Depuis mi-juillet 2012, 14 individus différents ont été comptabilisés sur le littoral, dont un groupe remarquable de 8 juvéniles posés ensembles sur le parc du Marquenterre. C'est le plus grand groupe observé dans la région avec également 8 oiseaux le 21 août 2007. Cela a ravi bien entendu les nombreux visiteurs du Parc du Marquenterre qui viennent profiter de l'observation des oiseaux en pleine migration. On remarque que les cigognes noires arrivant en fin de matinée en Baie de Somme continue plein Sud alors que les oiseaux arrivant dans l'après midi on tendance à se poser et à passer la nuit pour repartir le lendemain matin si les condition sont favorables. Depuis dix ans sur la région la période de migration automnale est devenue plus précoce d'une quinzaine de jours avec une nette augmentation des données en juillet. Le pic de passage étant maintenant fin juillet première semaine d'août au lieu du 10 au 15 août de 1986 à 1998.
La Cigogne noire est sans nul doute un des meilleurs exemples avec la Spatule blanche d'une espèce exigeante, rare et farouche qui recolonise notre pays. L'augmentation et le vieillissement (pour l'instant...) des surfaces forestières et une protection accrue des grands échassiers sont des éléments essentiels à ce retour. Sur le littoral seul le massif dunaire du Marquenterre et certains secteurs de la forêt de Crécy avec comme lieu de gagnage la vallée de la Maye pourraient être des sites potentiels de nidification. Seule fausse note à cette évolution positive un oiseau tiré le 6 août 1998 au Hable d'Ault et une demande croissante de bois augmentant les rotations de coupe...
Philippe Carruette, Responsable pédagoqique et bagueur
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